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Faire lever les vieux à 6h du mat, et un dimanche en plus, ç’est pas humain !

Après un bon petit déj – merci à ma charmante logeuse qui s’est levée aussi- je suis sur le terrain à 7h comme convenu et salue les copains, mais le ciel n’est pas terrible ! En principe ça va sûrement se lever, mais en pratique, après une certaine amélioration, cela redevient plus sombre du côté de Charleville, notre direction ! Quand on décolle, je préfère pas regarder de ce côté et faire confiance à François notre président-pilote-moniteur !

3 machines grimpent sous le ciel gris :

2 pendulaires : François et Dominique dans le trek jaune.

Dimitri et Franck dans le trek rouge

Moi dans ma trottinette 3 axes avec mon sac à dos : pas beaucoup de conversation mais pas contrariant non plus, en attendant d’avoir mon emport passager.

A la radio, j’entend faiblement Dimitri, mais François pratiquement pas : la liaison n’est pas terrible !

Parti dernier, je rattrape lentement les 2 autres, puis les dépasse. Si je ralentis, j’ai tendance à m’enfoncer, et pas sûr que je consomme moins. Et mon problème, c’est l’autonomie justement. Je vais finir par les perdre de vue, c’est pas sympa, mais qu’y faire…

Il est convenu qu’à hauteur de Charleville on décide si on continue, auquel cas un 3ème pendulaire, Jean-Noël en solo décolle de Charleville et nous mettrons alors tous le cap sur Maubeuge.

Je dépasse l’agglomération de Charleville : le terrain doit être tout près mais je ne le vois pas :

Je ne vois pas grand chose de toute façon…j’entend Dimitri de temps en temps : je saurai si on continue. Des voiles gris passent sous moi, on ne voit pas très loin : moi qui ai dit à François que je voulais apprendre à voler dans un temps plus douteux, je trouve que suis servi et je commence à stresser…

Allons bon : un gros nuage m’arrive dessus, juste à ma hauteur. Le temps d’une hésitation et je suis dedans : en bas je ne vois plus rien et en haut juste une tache bleue en oblique !

Là je m’offre une vraie vapeur : si ça dure quelques dizaines de secondes je peux être complètement désorienté et me casser la g…

Faire demi-tour : pas à tenter là dedans sans repères ?

Mettre plein gaz et monter vers la tache bleue tant qu’elle est encore là : et je ferai quoi au-dessus ? Mama mia !

Au bord de la panique, je ne décide rien du tout…et le sol réapparaît devant moi, incliné comme le flanc d’une grande colline ; je me suis mis en descente sans m’en rendre compte.

Je me remet en ligne de vol, puis me calme en voyant que la visibilité s’améliore plutôt.

J’appelle plusieurs fois Dimitri, j’entend qu’il communique avec François et je crois même deviner le mot « …continue… » ; J’aimerais mieux ainsi parce le soleil apparaît et que je n’ai vraiment pas envie de retourner d’où je viens…

Evidemment je n’ai plus rien suivi sur la carte. Heureusement qu’il y a le GPS, mais comment « Ils » faisaient avant ? Et comment je ferai le jour où le mien tombera en panne ?

Je suis à hauteur d’Hirson, je tourne à droite vers le nord, et la météo devient un vrai plaisir avec de plus en plus de soleil : Maubeuge est à 40 km devant. Cool, la vie est belle et je peux enfin admirer le paysage, en évitant les bois et en repérant les terrains atterrissables.

Je crains un trafic dense à Maubeuge, avec planeurs et paras et une approche compliquée, ou que l’on me fasse attendre, mais je n’entend rien sur la fréquence. A 5 minutes du terrain j’appelle : pas de réponse. Pourtant ce terrain doit être là quelque part…je cherche.

Chouette, il est là : c’est toujours un grand moment, je suis arrivé !

Je rappelle, et cette fois on me répond, la piste est la 23 comme prévu. Je vais rejoindre le circuit et m’annonce en vent arrière. Une voix avec un fort accent flamand demande : « Dans combien de temps tu es là ? » Cette question ! Je suis dans le circuit, j’arrive, mais je suis pas un Mirage 2000 !...Il n’a pas donné d’indicatif, lâchement je ne répond pas…mon Dieu, cette piste est bien étroite comparée à celle de Douzy, mais tout se passe bien, et en roulant je vois le Pilatus des paras qui s’engage sur la piste pour décoller derrière moi : sûrement mon impatient. Je dégage dès que je peux, et vais attendre les autres au parking. Ils arrivent bientôt et l’escadrille se congratule au sol. Pendant qu’ils se rafraîchissent au bar, moi je dois faire le plein : je n’ai pas téléphoné avant, persuadé qu’à Maubeuge, qui n’est pas un tout petit terrain, il n’y aurait pas de problème de carburant. Je déchante rapidement. Personne ne peux m’aider ! Heureusement un ULM se pose, et c’est le président du club local, Jacky Deflandre. Il saute dans sa voiture et nous fonçons ravitailler en ville : très sympa !

1/2 heure plus tard mon ULM a bu, mes copains aussi, et François nous propose de rentrer par Chimay.

Après le décollage des 3 pendulaires, le Pilatus décolle devant moi, et je me méfie : j’attends quelques instants pour éviter ses remous, puis c’est mon tour. En l’air, évidemment, plus de copains en vue…je les appelle à la radio, sans réponse, et mets cap plein sud. Au bout d’un moment , je les vois. Je vois aussi que je me suis gouré de fréquence en les appelant, ce qui explique leur côté taiseux. Cette fois je ne les lâche plus et reste derrière, quitte à zigzaguer sans arrêt, le paysage en vaut la peine.

Au dessus de Fourmies, l’ULM que je suis tarde à virer vers l’est : c’est normal, ce n’est pas le bon, il n’a même pas la bonne couleur ; je me sens doué aujourd’hui ! Je vire et fini par rejoindre les autres : c’est très joli un pendulaire accroché dans le ciel, se balançant doucement…et le décor est splendide. Je finis quand même par me retrouver seul, fais un 360° au sud de Charleville pour reperdre l’ avance que je crois avoir, ne retrouve personne…et me pose finalement bon dernier à Douzy !

Au bar de l’aéroclub, Dimitri et François se paient ma tête en douce : ma voix paraissait angoissée à la radio aux environs de Charleville ! Merci les amis, on va encore rire des belges dans les chaumières ! Francois me recommande : toujours voler sous les nuages…et faire demi-tour à temps si nécessaire. Reçu 5 sur 5 !

Jean Robert 2-07-2010