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Qu’elles sont belles les Vosges….

Fin mai Thierry Colin m’apprend que le club de Douzy (Sedan) va organiser une sortie dans les Vosges avec quelques appareils lents et paisibles, voire contemplatifs et me demande si ça m’intéresse.
Joie ! Je vais enfin retrouver le plaisir du vol berceuse et complice, loin des bouffeurs de kilomètres, fusées et autres m’as-tu-vus esbroufeurs en quête  de Dieu sait quelle performance absconse. Oui bien sûr que je participe !
Il faut savoir qu’à l’automne passé, j’ai racheté le weedhopper de Thierry (le mien étant devenu vraiment trop cacochyme) et que Thierry a racheté un merlin à la retraite et entrepris de lui donner une nouvelle jeunesse. Son grand espoir était d’avoir fini de retaper le merlin et appris à le manœuvrer à temps pour le voyage mais le temps lui a manqué et nous avons décidé de partager le weedhopper.  Le départ étant prévu pour le samedi 3 août, nous avons convenu que j’arriverais de Matagne le vendredi 2 au soir avec sac de couchage et (très) menu bagage à bord. 



Il faut également savoir que je suis (presque) aussi cacochyme que mon weedhopper précédent, que l’actuel a un moteur d’âge indéterminé et que, le pas de l’hélice n’étant pas fixé sur le meilleur rendement, l’oiseau est glouton. Ceci explique qu’ayant mis 30 litres au départ (et fait un peu de tourisme involontaire), à mi-chemin entre Charleville et Sedan, un coup d’œil à la jauge m’apprend que la piste est trop loin. Plutôt que de risquer la panne et une vache moteur coupé dont le résultat n’est jamais garanti, j’ai préféré choisir une bonne pâture et me poser tranquillement au moteur.
Il n’y avait que 3 clôtures de barbelés à franchir avant d’atteindre les maisons ! Heureusement le sol était sec et j’ai pu me coucher et me glisser comme une couleuvre sous les obstacles. Le village de Dom le Mesnil est fort paisible et j’ai dû chercher un bon moment avant de trouver quelqu’un pour me conduire à la pompe et puis recrapahuter sous les barbelés. Redécollage sans problème et arrivée à Douzy sous le regard  amusé et interrogateur des membres du club qui se demandaient quel phénomène allait les accompagner dans leur ballade. Surtout qu’au cours de mes reptations, j’avais réussi à crever le bidon d’huile  qui avait abondamment coulé sur tous mes vêtements !
Samedi matin c’est le grand départ. Etant Belge, je peux dire que c’est une organisation à la française. C'est-à-dire aussi bien pensée et préparée que chez les Allemands mais avec une touche de fantaisie, d’improvisation et d’humour qui met de bonne humeur. Il y a 4 appareils et 2 voitures suiveuses.  Le pendulaire du club est piloté par le moniteur François avec alternativement 3 passagers (Georges, Pascal et Renaud), un pendulaire piloté par Patrick sans passager, le weedhopper et un Criquet (biplan 2 axes) piloté par Jacques sans passager. Delphine, l’épouse de Renaud et leurs 2 enfants ainsi que Patricia, l’épouse de Pascal assurent l’intendance et le bivouac.
Départ fin de matinée vers Bar le Duc. Jolie promenade au-dessus  d’un paysage enfin apaisé où la nature a repris ses droits et sa douceur. Seuls les cimetières militaires et les mémoriaux rappellent l’horreur passée. La piste de Bar le Duc est confortable et bien entretenue, il y a même une petite tour avec un bar et une pompe à Avgas mais pas un chat ! C’est la piste-au-bois-dormant ! Nous attendons nos anges gardiens qui nous apportent le pique-nique et le biberon, puis redécollage vers Neufchâteau. Petite étape bucolique au-dessus du canal Marne – Rhin et atterrissage sur une belle et grande piste … tout aussi déserte que la précédente ! Il y a bien une construction en bord de piste qui pourrait servir de tour et de bar, mais c’est fermé. Les hangars sont en contrebas, près de la route. François amène son pendulaire près des hangars et, après un peu d’hésitation, les autres l’y rejoignent. Les trois hangars sont fermés et l’endroit est désert. Nous nous perdons en conjectures en attendant les voitures quand soudain, comme sorti de nulle part, apparaît un monsieur fort aimable, chevelu et ventripotent, qui entame une conversation animée avec Jacques. Il faut dire que ce dernier est un homme très gentil et prévenant mais vacciné avec une aiguille de phonographe et nous sommes contents qu’il ait trouvé un interlocuteur à sa taille. Entre-temps les voitures arrivent avec le carburant indispensable pour l’insatiable weedhopper et le monsieur dit qu’il a la clé du bar et propose de nous offrir un verre. Jacques, qui n’a pas besoin d’essence, le suit mais les trois autres font le plein et décollent avec juste un battement d’ailes en guise de remerciement.



Dernière étape de la journée : Belfort. C’est là que le camp sera dressé. François propose de faire un léger détour par l’est afin de passer au-dessus du Ballon d’Alsace. Tope-là, on ne va pas dans les Vosges sans saluer le Ballon ! Nous partons donc en passant sur Vittel, nous laissons Epinal à notre gauche et près de Remiremont le sol commence à monter et à se boiser. Nous visons le Ballon en essayant de rester  suffisamment proches des vallées qui seules pourraient nous offrir une chance de salut en cas de panne, mais autour du Ballon lui-même, il n’y a plus qu’à serrer les fesses et prier Saint Rotax. Ce brave saint fut bienveillant et nous permit d’admirer le spectacle (grandiose) et de rejoindre Belfort sans encombre.
A Belfort, nous étions attendus par Dominique, détenteur des clés des hangars. En prévision de notre visite, il avait réorganisé la disposition des appareils et grignoté cm² par cm² assez d’espace pour abriter nos quatre machines. A mon avis, il doit être grand maître du tonneau chinois (puzzle 3D). Entre-temps l’équipe au sol était allée directement au camping prendre possession des emplacements et déposer le matériel, puis la voiture 9 places est venue nous chercher. Montage des tentes et souper (dîner) dans un petit boui-boui  local sympathique mais un peu débordé par notre invasion.
Pour dimanche il était prévu d’arriver à la piste vers 8h30 et de faire une excursion à Thise (Besançon). Dès le lever nous constatons un ciel fort chargé mais les ulmistes sont par nature optimistes et leur refrain favori est « ça va se lever ». Donc arrivée à la piste à l’heure dite. On sort les machines, on fait le plein mais, plus les réservoirs se remplissent, plus le ciel se charge et quand on est prêt à décoller, des éclairs zèbrent le ciel et la pluie commence à tomber dru. Pas d’autre solution que de vite remettre les machines à l’abri. Gentiment Dominique nous informe qu’il a une réunion de famille mais que si « ça se lève », on n’a qu’à lui téléphoner et il viendra ouvrir.
Retour au campement sous le déluge. Nous nous abritons à la cafétéria, bientôt rejoints par Delphine et Patricia qui étaient allées au marché. Elles avaient eu la bonne idée de refermer les tentes avant de partir mais les seaux d’eau céleste avaient eu raison des tentes de Thierry et Jacques.  Vers 11 heures, les orages sont allés se faire entendre ailleurs, laissant la place à un soleil radieux. Il fallait d’abord mettre à sécher tout ce qui avait été trempé. Puis, l’heure avançant, il fallait penser au repas de midi et puis il y avait une belle piscine, encore plus attrayante sous le soleil éclatant. Bref après l’eau du ciel, nous avons barboté dans celle de la piscine jusqu’à cinq heures.
Bon, on n’était pas là pour jouer les poissons mais les oiseaux ! Coup de fil à Dominique et retour à la piste. Cette fois Georges et Pascal avaient bien envie de goûter au vol en weedhopper. On a décidé que je prendrais Georges pour l’aller et que Thierry prendrait Pascal pour le retour, tandis que j’aurais le plaisir de monter en croupe sur le pendulaire de François.




Une fois passées les villes de Belfort et Montbéliard, nous avons suivi la vallée du Doubs qui est une pure merveille. Elle est assez encaissée mais avec de bonnes possibilités de vache le long de la rivière, les flancs sont de fines crêtes calcaires boisées et assez dentelées. Dans cet écrin le Doubs ondule lascivement comme un gros orvet. Pour l’aller, le soleil était devant nous mais encore assez haut pour ne pas nous éblouir et au retour il était dans notre dos, soulignant tous les reliefs de longues ombres contrastées : un régal !
Au programme du lundi : Albé et Saint Dié pour les 3 appareils du club mais malheureusement Thierry et moi devions absolument être de retour à Douzy le soir même. Nous avons décidé de faire l’étape d’Albé puis de ravitailler et de faire nos adieux à la troupe.
Vu le caractère éminemment peu vachable des Vosges, nous avons convenu de contourner le relief en passant par Thann, Guebwiller, Colmar et Sélestat et là d’entrer dans la petite vallée qui conduit à Albé. Ce trajet nous a permis d’admirer les nombreuses forteresses qui parsèment le flan est des Vosges, face à la vallée du Rhin et, parmi elles, le fameux Haut Koenigsbourg. Une de ses tours étant en restauration, les échafaudages donnaient l’impression qu’il portait un turban de pacha !
Albé est un petit altiport avec piste en dur, caché derrière une petite crête boisée. Il est très peu visible quand on arrive par l’est et une petite colline pas loin du seuil de piste oblige à faire des atterrissages parachutés. Le weedhopper est arrivé le premier, bientôt suivi par les deux pendulaires. Un peu plus tard nous avons vu le criquet arriver mais, après deux tentatives infructueuses et des remises de gaz in extremis, Jacques a pris la sage décision de continuer directement jusqu’à Saint Dié.



Il n’y avait plus qu’à attendre l’arrivée de la voiture ravitailleuse. Ouais ! Après une heure, un coup de fil nous apprend qu’elle sera là dans 40 minutes. Une autre heure plus tard, nous contactons Georges pour savoir si tout va bien. Oui, ils ont seulement confondu Albé et Albet situé à une heure de route !
Le soleil tape dur et nous nous réfugions à l’ombre du hangar. Ombre qui rétrécit comme peau de chagrin, et bientôt nous changeons de côté lorsqu’enfin la voiture arrive, accueillie par une bordée de plaisanteries sur la finesse de la navigation ! Sans rancune, les valeureux routiers nous apportent pique-nique et essence.
Une fois restaurés, nous faisons le plein à ras bord du weedhopper. Il reste 2 litres, que nous mettons dans un petit bidon derrière les sièges et je prends encore un bidon de 10 litres sur mes genoux. Le souci est que le lundi est un jour où les zones militaires sont actives, ce qui nous oblige à un grand détour. De plus la CTR de Strasbourg nous repousse pour un long trajet au-dessus des Vosges, très belles mais très inhospitalières. Finalement je convaincs Thierry de grignoter un petit morceau de CTR et de longer les Vosges au plus près, en restant en dessous du relief. Comme ça si un avion passe, il ne sera pas gêné par notre présence et tant pis pour le règlement. A Saverne nous passons le dernier petit morceau des Vosges et rejoignons bien vite la vallée de la Sarre que nous suivons jusqu’à Saarlouis (D). Là nous visons la pointe NE de la CTR de Luxembourg pour la contourner au plus serré et prendre la route de Sterpenich où nous nous posons avec seulement 3 litres dans le réservoir. Transvasement des bidons et petit complément à la pompe puis je redécolle vers Douzy, pas fâchée d’être débarrassée du colis.
Et voilà, les amis continuent leur exploration de ce joli coin de France jusqu’à la fin de la semaine. Nous avons dû écourter pour raisons professionnelles, mais ce que nous en avons vu nous a charmés et personnellement j’espère de tout cœur que les gentils Douzynois organiseront encore d’autres sorties comme celle-là.

Merci les amis et à bientôt !

Bécassine.